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    Pratique

    4 conseils pour accueillir un élève à BEP au collège

    Manon Fouques
    22 décembre 2023 18:05
    6 mn

    Ce contenu fait partie du Accueillir un élève avec BEP en milieu d'année en collège

    Chaque année scolaire, des élèves aux besoins éducatifs particuliers (EBEP) rejoignent nos classes en cours de route, apportant avec eux leurs propres parcours, défis et aspirations. Inspirée par une expérience personnelle, je me suis mise en chemin pour comprendre comment accueillir chaleureusement et soutenir efficacement ces élèves. Mon point de départ ? L'histoire d'un élève renvoyé de son établissement, qui s'est avéré être un enfant avec un TDAH (trouble de l'attention avec ou sans hyperactivité), longtemps négligé. 

    Les conseils qui suivent s’appuient sur mon expérience au collège. Ils visent à offrir des pistes pour une intégration harmonieuse, dans le respect de la diversité des profils.

    Conseil 1 - Connaître l’élève et son parcours

    Prenez le temps de découvrir le parcours de l'élève, ses forces et ses défis, ainsi que ses aspirations futures. Cela vous permettra de mieux le soutenir et de le motiver. Personnellement, je m’appuie sur un document que j’ai créé, mais je me rends compte que rapidement, je vais m’en détacher pour rebondir sur ce que me dit l'élève. 

    Je fais attention, dans un premier temps, à lui proposer un moment qui lui convient pour discuter ensemble. Ça peut être à la fin d’une heure (dans ce cas, je préviens l’enseignant suivant), sur le midi ou après les cours. Je lui explique simplement que je veux apprendre à le connaître et que s’il préfère, on peut également convier ses parents. Cela lui permet d’anticiper notre discussion et d’avoir du soutien s’il en ressent le besoin. Il a évidemment le droit de refuser et, dans ce cas, je prends contact directement avec la famille pour avoir les informations que je cherche. Voici les quatre axes que j’aborde : 

    "Parle-moi un peu de toi" 

    C’est une demande très vague et qui me permet de voir par quoi l'élève va commencer. C’est souvent le plus essentiel. Il se peut également qu’il soit fermé, dans ce cas, je lui dis qu’il n’y a pas de souci et qu’on pourra en discuter plus tard. Souvent, il va aborder ses loisirs, ses problématiques … Je n’hésite pas à compléter et à rebondir sur ce qui est dit. C’est aussi le moment d’aborder la raison du changement d’établissement.

    "Comment te vois-tu dans un an ? Dans cinq ans ?"

    Cette question me permet de découvrir les aspirations futures de l'élève. Je peux même l’interroger sur du plus long terme, lorsqu’il est à l’aise avec la question. Cela permet également de faire un point sur les objectifs de l’année et comment y parvenir. Je n’hésite pas à aborder le professionnel, aussi bien que le personnel.

    "Quelles sont les situations où tu te sens le plus à l'aise à l'école ?"

    Ceci sert à déterminer les environnements ou les activités qui favorisent le bien-être de l'élève, afin de les encourager.

    "Qu’est-ce qui a été mis en place les années précédentes pour t’aider ?" 

    C’est le moment de faire le point sur les aménagements. On peut aborder les aides qu’ont essayé de mettre en place les collègues les années précédentes. Il faudra lister ce qui a fonctionné, ce qui n’a pas fonctionné et demander à l’élève s’il ou elle a des idées d’aménagements qui pourraient fonctionner.

    Poser ces questions permet d'établir un dialogue ouvert et constructif avec l'élève, de recueillir des informations essentielles pour personnaliser son accompagnement, et de créer un climat de confiance qui favorise son implication dans son parcours éducatif. Cela montre également à l'élève que vous vous souciez de son bien-être et de son succès.

    Conseil 2 - Collaborer avec la famille

    Je reçois toujours les parents dans le cadre d’un changement d’établissement ou dans le cadre de l’accompagnement d’un EBEP. Autant dire que lorsqu’on combine les deux particularités, il me semble essentiel de passer par cette étape, et ce pour plusieurs raisons.

    Même lorsque j’ai un entretien avec l'élève seul, je préfère vérifier que du côté des parents, j’ai le même son de cloche. Par exemple, il m’est déjà arrivé de découvrir que des plans d’aménagement avaient déjà été mis en place. Cela est déjà même arrivé de découvrir qu’il y avait déjà eu un ou une AESH, ou l’intervention du SESSAD (Service d’éducation spéciale et de soins à domicile), mais que cela ne s’était pas bien passé. Même si la confiance est primordiale pour accueillir et intégrer l’élève, il est possible que le passé de ce dernier soit trop douloureux pour qu’il ose en parler.

    La confiance des parents est très importante. En effet, avoir un enfant avec des troubles de l’apprentissage est souvent un combat de tous les moments. Les parents ont souvent dû traverser de nombreux obstacles pour accepter et comprendre les besoins spécifiques de leur enfant, puis œuvrer pour que les aménagements nécessaires soient mis en place. 

    Les recevoir, en tant qu’enseignant ou enseignante, c'est bien plus que simplement organiser une réunion. C'est reconnaître l'engagement et l'expertise des parents dans la vie de leur enfant et s'engager dans un partenariat constructif. En agissant de cette manière, vous pouvez créer une approche globale qui prend en compte le bien-être de l'élève et favorise des améliorations durables du comportement. La confiance mutuelle et la communication ouverte sont les piliers de cette collaboration fructueuse.

    pistes d'action

    Conseil 3 - Être au clair avec les différents plans d’aménagement

    L'un des défis majeurs de l'éducation inclusive consiste à répondre aux besoins éducatifs particuliers des élèves, en veillant à ce qu'ils aient accès à une éducation de qualité. Pour ce faire, différents plans d'aménagement sont mis en place, chacun adapté à des besoins spécifiques. Je vous détaille ici 3 plans, en vous aidant à comprendre leur signification, leur utilité, et comment ils s'inscrivent dans le parcours éducatif des élèves.

    • PPRE : Plan personnel de réussite éducative

    Le PPRE est un dispositif mis en place pour les élèves en difficulté scolaire. Il vise à identifier les difficultés d'apprentissage et à élaborer un plan d'action pour l'aider à les surmonter. Le PPRE est généralement élaboré par l'enseignant en concertation avec l'équipe pédagogique et en collaboration avec les parents. Il comprend des objectifs spécifiques, des actions à mettre en œuvre, et des moyens d'évaluation pour mesurer la progression de l'élève sur un temps donné (un mois, un trimestre). 

    • PAP : Plan d'accompagnement personnalisé

    Le PAP est destiné aux élèves ayant eu un diagnostic précis. Il vise à mettre en place des aménagements spécifiques pour favoriser leur inclusion et leur réussite scolaire. Le PAP est validé par le médecin scolaire au regard des recommandations médicales des spécialistes. Ensuite, en collaboration avec l'équipe pédagogique, les parents, et d'autres professionnels de la santé ou de l'éducation, les aménagements sont cochés en fonction des besoins de l'élève. Il peut inclure des adaptations pédagogiques, des outils ou des équipements spécifiques, ainsi que des accompagnements personnalisés. Le PAP est conçu pour garantir que l'élève puisse accéder à l'enseignement de la manière la plus adaptée à sa situation.

    • PPS : Projet personnalisé de scolarisation

    Le PPS est spécifique aux élèves en situation de handicap reconnu par la Commission des droits et de l'autonomie des personnes handicapées (CDAPH). Le PPS est un document formel qui planifie l'ensemble du parcours éducatif de l'élève, de la maternelle à l'enseignement supérieur. Il prend en compte les besoins éducatifs particuliers de l'élève, les aides humaines ou techniques nécessaires, ainsi que les lieux et les modalités d'accompagnement. L’équipe pédagogique, en collaboration avec les parents, remplit le document de mise en œuvre du PPS (MOPPS) en cochant les aménagements.

    Conseil 4 - Rendre l’élève acteur

    J’ai toujours eu à cœur de mettre l’élève aux manettes de ses apprentissages. Seulement voilà, comme beaucoup d’entre vous, j’ai commencé à enseigner comme j’ai connu l’enseignement. En lettres, ça se résumait au manuel et aux questions posées dans le manuel. Je vous parle d’un temps qui remonte à 2011, donc pas si loin que ça.

    Rapidement, je me suis retrouvée face à des élèves qui s’ennuyaient, qui discutaient, donc voire même qui adoptaient une attitude que je ne pouvais accepter en classe. Je me suis donc écoutée. J’avais été durant 6 ans animatrice en centre de loisirs et cela me manquait un peu. J’avais mené, durant ces années, des projets intéressants comme l’organisation et l’élaboration de A à Z d’une pièce de théâtre à partir d’un album. Je me suis donc penchée sur la ludification, dans un premier temps, de mes pratiques pédagogiques. Fan du numérique, j’ai vite trouvé chaussure à mon pied en parcourant les divers sites formidables qui relayaient les expériences menées sur les élèves au travers de jeux ou d’activités ludiques pédagogiques.

    J’ai donc moi-même mené des expériences, notamment en incluant rapidement des jeux comme le Time’s up littéraire ou encore les jeux numériques pour la révision (Learningapps, puis Genially). C’est le premier confinement qui a été une révélation concernant la différenciation pour les élèves. J’ai d’ailleurs créé mes premiers plans de travail. Je donnais le travail à faire durant la semaine, en donnant le temps nécessaire pour chacune des activités, et j’ajoutais des jeux facultatifs.

    De retour en classe, je me suis rendu compte que cette façon de fonctionner pouvait être appliquée en présentiel. Cela me permettait de me dégager du temps pour avancer avec mes élèves ayant des difficultés particulières, et donc particulièrement mes élèves à besoins éducatifs particuliers. 

    Aujourd’hui, j’ai une façon de fonctionner un peu hybride. Je garde l’usage du plan de travail pour certaines séances. Cela me permet d’ailleurs de voir les compétences et notions qui ont été vues par un élève qui arrive en cours d’année. Un petit point de vigilance : allez-y petit à petit pour les pédagogies actives ! Et n’oubliez pas de rester en accord avec l’enseignant que vous êtes.

     

    Manon Fouques, professeure de lettres modernes depuis 2012, référente EBEP, membre de la Team Ludens

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