La relaxation, dans le Larousse, est une méthode qui cherche à permettre une détente « par le contrôle conscient du tonus physique et mental afin d'apaiser les tensions internes et de consolider l'équilibre mental du sujet ». 

Que ce soient des exercices de respiration, la pratique du yoga ou de la sophrologie, des activités de méditation ou de relaxation, ce sont toutes des approches favorisant la détente, la diminution du distress (stress négatif) et développant l'attention, cette « forme de connexion [...] qui permet à l'objet de notre attention d'entraîner une réaction de notre part. » (Pr Lachaux, projet ATOLE : ATtention à l’écOLE)

Quand je me suis installée dans ma classe maternelle en septembre 2017, je me suis vite aperçue que les enfants manquaient d’empathie et de concentration. Je me suis longtemps questionnée pour trouver des solutions. J’ai même suivi un DU en neuroéducation pour mieux comprendre mon jeune public ! Après des tentatives et des essais d’outils (ou de techniques) plus ou moins fructueux, j’ai réussi à trouver mon équilibre.

Ainsi, depuis 3 ans, j’effectue un important travail pour développer l’empathie et les compétences psychosociales de mes élèves grâce à plusieurs outils dont les effets bénéfiques se combinent sans s’entraver : nous travaillons maintenant dans un espace flexible, nous partons aussi à la découverte de notre cerveau et des fonctions exécutives, nous jouons aux échecs, nous développons conjointement les règles de vie de la classe (gestion des conflits, main magique), les modalités d’évaluation ont évolué ; et enfin nous nous offrons tous les jours un temps de relaxation.

De nombreuses études et méta-analyses ont été menées et ont montré que ces pratiques agissaient sur le stress, et qu’elles avaient aussi des effets significatifs sur le cerveau (neuroplasticité, contrôle attentionnel, contrôle émotionnel, etc.) et donc sur la réussite académique des élèves.

Déjà, dès 2012, le ministère de l'Éducation nationale proposait la mise en place d’activités sportives permettant « l'apprentissage de techniques destinées à contribuer au bien-être et à la réussite de l'élève (relaxation, gestion du stress, maîtrise du corps, etc.) ». 

En Finlande, un programme national existe depuis déjà une dizaine d’années : le Finnish Schools on the Move, programme dans lequel on propose aux élèves des écoles (participation : plus de 90% des écoles du pays), tous les jours, des temps de récréation active, des activités motrices, des exercices de relaxation, de sport ou de déplacements actifs, etc. Selon le personnel des établissements participant à ce projet ambitieux, les résultats sont probants : ils soulignent des bénéfices pour les apprentissages et remarquent une atmosphère sereine. Pour le centre de recherche LIKES, qui surveille les progrès de ce programme, les recherches ont montré que « l'activité physique et la forme physique peuvent avoir un effet positif sur l'apprentissage, les fonctions cognitives et la santé du cerveau ». 

Effectivement, on sait que nos élèves rencontrent des moments de fatigue, de perte d’attention ou qu’ils sont indisponibles mentalement. Il faut donc intervenir afin de les aider à se reconnecter au temps scolaire, à se reconcentrer. 

Une première définition de la compétence psychosociale a été donnée par l’OMS dans les années 90. En 2021, Santé publique France les définit comme « un ensemble cohérent et interrelié de capacités psychologiques (cognitives, émotionnelles et sociales), impliquant des connaissances, des processus intrapsychiques et des comportements spécifiques, qui permettent de renforcer le pouvoir d’agir (empowerment), de maintenir un état de bien-être psychique, de favoriser un fonctionnement individuel optimal et de développer des interactions constructives ». 

Les activités proposées, telles que la relaxation, développent certaines compétences psychosociales des élèves. Ainsi, la relaxation permettra de développer et de travailler certaines CPS cognitives, émotionnelles et sociales telles que : 

• avoir conscience de soi ;
• avoir la capacité de maîtrise de soi ;
• avoir conscience de ses émotions et de son stress ;
• réguler ses émotions ;
• gérer son stress ;
• développer des relations constructives.

Pratiquer des exercices de respiration et de relaxation à l’école permet une réelle détente et donne aux élèves la capacité de libérer leur corps de possibles tensions (physiques et psychiques), de mieux comprendre leurs émotions et leurs volitions (désirs, besoins, aspirations). C’est aussi un excellent moyen de favoriser leur attention (l’attention exécutive exactement) ! 

Pour développer une meilleure écoute de la part des élèves, mais aussi améliorer compréhension et mémorisation ! En effet, l’attention est primordiale, dans l’accès à la compréhension écrite par exemple. Pensées, émotions et contractions musculaires fonctionnent de concert. La relaxation permet à chaque individu d’intervenir sur ses états mentaux en contrôlant le tonus de ses muscles et en apprenant à se concentrer sur une intention précise. 

Dès la maternelle, et même avant, ce travail est donc possible et même encouragé. Comme nous l’avons vu plus haut, la relaxation fait partie intégrante de la prévention et de la promotion de la santé. On commencera donc par des séances très courtes pour maintenir l’attention des élèves. Puis, avec le temps et la pratique, on pourra les allonger en diversifiant les exercices. Le bénéfice de ces activités passe par le respect de l’autre : un enfant qui ne veut pas participer ne doit pas y être contraint. Il ou elle pourra avoir besoin de temps et être spectateur, dans un premier temps.

Voici donc ici 4 idées d’activités relaxantes et ludiques pour faire découvrir aux enfants cet outil au service de leur réussite et de leur bien-être, notamment dès la rentrée scolaire ! N’hésitez pas à y participer aussi !

D’une voix très douce et lente :
 
« Monsieur Pouce a sommeil. » 

« Je le couche (on plie le pouce dans la paume). »

« Je ferme la porte de la cuisine (on replie l'index sur le pouce). »

« Je ferme la porte du salon (on replie le majeur). »

« Je ferme la porte de la salle de bains (on replie l'annulaire). »

« Je ferme la porte de la chambre (on replie l'auriculaire). »

« Monsieur Pouce, es-tu là ? (en parlant normalement) »

« Chut ! Je dors ! (on le dit en chuchotant + silence … au fil du temps, on laissera s’installer un silence de plus en plus long). » 

« Monsieur Pouce, es-tu là ? (on le dit en chuchotant + silence … au fil du temps, on laissera s’installer un silence de plus en plus long). »

« Hop ! Je sors ! (on déplie le pouce, les autres doigts restant pliés). »

« Et je dis bonjour à tout le monde. »

« Bonjour monsieur l'index ! (on déplie l'index qui touche le pouce). »

« Bonjour monsieur le majeur ! (on déplie le majeur qui touche le pouce). » 

« Bonjour monsieur l'annulaire ! (on déplie l’annulaire qui touche le pouce). »

« Bonjour monsieur l’auriculaire ! (on déplie l’auriculaire qui touche le pouce). »

On termine cette comptine en secouant la main et en décontractant les doigts. Puis on la répète avec l’autre main.

Placement : 2 par 2 (un élève assis dans le dos d'un autre). L’enfant massé pourra avoir les yeux fermés (ou porter un bandeau d'aide à la concentration et à la centration sur soi-même et ses émotions s’il ou elle le souhaite). D’une voix douce et lente : 

« Commençons par le soleil (on trace très lentement des grands ronds avec la paume de sa main dans le dos du camarade). »

« Et voilà les nuages qui arrivent (on presse délicatement et lentement avec son poing à plusieurs endroits). »

« Le vent souffle (on frotte délicatement le dos du camarade avec le dos de ses 2 mains en partant de la colonne et en allant vers l’extérieur). »

« De plus en plus fort (on frotte de la même façon mais plus lentement et en effectuant une pression un peu plus forte). »

« Et les nuages reviennent (on presse délicatement et lentement avec son poing à plusieurs endroits). »

« La pluie commence à tomber : 1 goutte, 1 goutte… (on effectue de petites pressions partout avec la pulpe d’un doigt de chaque main). »

« Elle tombe de plus en plus drue (on effectue les mêmes petites pressions partout mais plus rapidement). »

« Catastrophe, voici la grêle ! (on tapote délicatement avec tous les doigts de chaque main en même temps) »

« La neige arrive… Blanche, légère et silencieuse (on appuie délicatement toute la paume de sa main à plusieurs endroits). »

On peut facilement prolonger cette comptine. 

Placement

Les élèves les uns derrière les autres en ronde ou 2 par 2 (un élève assis dans le dos d'un autre). 

D’une voix douce et lente :

« Nous allons préparer une délicieuse pizza ! »

« On met de la farine (on tapote dans le dos de son camarade). »

« Puis, on ajoute un peu d’eau (on presse un doigt qui "coule" le long de la colonne vertébrale). »

« On pétrit la pâte (on masse les épaules avec les mains). »

« Ensuite, on étale la pâte (on pose les 2 mains au niveau de la nuque, et on écarte les mains en les faisant glisser sur le dos jusqu’en bas. Ce mouvement est répété en posant à chaque fois les mains un peu plus bas). »

« On ajoute de la sauce tomate (on effectue des mouvements circulaires avec les paumes des mains sur tout le dos). »

« On met des dés de poivrons et/ou d’autres ingrédients que choisiront nos élèves, comme des lamelles de poulet, des tranches de comté, des olives, etc. (on pratique de petites pressions légères des doigts sur tout le dos). »

« On parsème de gruyère râpé (on tapote délicatement avec tous les doigts sur le dos du camarade devant nous). »

« Pour finir, on casse un œuf. » (une main en poing repliée sur le sommet du crâne : l'œuf. La paume de la main opposée tape dessus très délicatement. Puis, les 2 mains descendent très lentement sur la tête, la nuque, les épaules, et jusqu’en bas du dos : l'œuf qui dégouline).

« Et voilà : une magnifique pizza à déguster sans modération ! »

Placement

Seul, les yeux fermés. 

D’une voix douce et lente :

« Tu te diriges vers la salle de bain. Le sol est un peu frais mais doux. Tu ouvres la porte de la douche. Tu fais couler l’eau du jet : elle est juste bien, ni trop chaude ni trop froide. Tu prends maintenant un peu de savon dans ta main. Mmmmmmmm ! Qu’est-ce qu’il sent bon ! Une odeur délicate de fraises s’en dégage. »

« Frotte tes mains recouvertes de ce savon au délicieux parfum l’une contre l’autre. (on frotte délicatement ses mains l’une contre l’autre). »

« Commence par frotter ton crâne délicatement. (on frotte son crâne avec de petits mouvements circulaires ). »

« Souffle bien en même temps (on souffle un peu fort au début pour bien se rendre compte de l’importance de sa respiration). »

« Puis, frotte ton front, tes sourcils (bien suivre leur forme). Pense à toujours bien souffler. Frotte tes paupières, ton nez, tes joues, tes lèvres, ton menton (on frotte tous les éléments indiqués). »

« Reprends un peu de savon. Tu sens cette odeur extraordinaire (on frotte délicatement ses mains l’une contre l’autre + on inspire bien fort comme si on sentait un parfum) ? »

« Frotte maintenant ton cou, tes épaules, le bras gauche : de l’épaule jusqu’au poignet. Maintenant le bras droit : de l’épaule jusqu’au poignet. Pense à toujours bien souffler (on frotte tous les éléments indiqués). »

« Puis, on tire délicatement sur chacun de nos doigts de la main gauche : le pouce, l’index, le majeur, l’annulaire et l’auriculaire. Puis de la main droite : le pouce, l’index, le majeur, l’annulaire et l’auriculaire (on tire délicatement tous les doigts de chaque main un par un sans les faire craquer). »

« Reprends un peu de savon et hume encore une fois son doux parfum (on frotte délicatement ses mains l’une contre l’autre + on inspire bien fort comme si on sentait un parfum). »

« Frotte ton dos puis ton ventre (on frotte le dos et le ventre en faisant de petits cercles). »

« Souffle bien en même temps.» (on souffle). 

« Et enfin, frotte ta jambe gauche puis la droite et termine par tes pieds (on frotte tous les éléments indiqués). »

Si les enfants sont pieds nus : « Puis, on tire délicatement sur chacun de nos orteils. (on tire délicatement tous les orteils un par un sans les faire craquer non plus) ! »

« Prends une grande inspiration (on inspire fort). Retiens ton souffle 3 secondes. Puis expire (on expire fort). Voilà c’est terminé ! Tu peux sortir de la douche et ouvrir très très très lentement tes yeux. »

Il est important, avant et/ou après l’activité proposée, d’expliquer aux enfants pourquoi on la fait, à quoi cela sert. Pourquoi conceptualiser la relaxation à cet âge, me direz-vous ? Et bien pour qu’ils puissent avoir une posture métacognitive ! Les enfants vont comprendre le fonctionnement de leur cerveau et de leur corps, et ainsi entrevoir les mécanismes afférents aux apprentissages. 

De cette manière, on va commencer à les outiller pour mieux se connaître et se comprendre. Ils pourront donc, peut-être seulement plus tard, réutiliser des techniques respiratoires ou de détente à d’autres moments de la journée (conflit, angoisse lors d’un atelier, etc.). Proposez-leur de revenir à tel ou tel exercice quand vous sentez que l’un d’eux en a besoin (ils en verront encore plus l’utilité) et cela deviendra rapidement un automatisme ! 

Avant le rituel ou le moment de relaxation, on peut leur expliquer que ce travail va nous permettre de détendre, en plus de notre cerveau, certains des muscles dont on va se servir ensuite lors des activités qui suivront ; mais aussi qu’il va les aider à se concentrer. N’hésitez pas à leur donner un exemple : comme la prise et l’utilisation d’un crayon (parfois, nos doigts se crispent sur l’outil), ou la fatigue lors d’une activité demandant une grande attention.

Lors des premières séances de relaxation (au moins), à la fin, il est nécessaire de revenir sur les émotions et les sentiments ressentis par les élèves. On peut aussi leur demander ce que cela leur a apporté (le bénéfice retiré) en les aidant à mettre en mots leurs impressions, ou expliquer pourquoi un ou des enfants n’ont pas participé (sans jugement).

On peut imaginer mettre à disposition, par la suite, une boîte ou un porte-clés de petites cartes avec les images/photos qui correspondent aux exercices proposés afin qu’ils les utilisent de manière autonome quand le besoin s’en fait sentir.

Marie Bolle-Besançon

Professeure des écoles depuis 2003 et MAT, DU en Neuroéducation. 
Projet maternelle sur le cerveau (LaPsyDÉ, ATOLE, sciences-cognitives.fr) 
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